Pourquoi je m’abstiendrai sur la loi spéciale

Le gouvernement Lecornu recourt à une loi spéciale après l’échec de son budget. Cette loi ne crée aucun choix politique nouveau : elle permet uniquement à l’État de continuer à percevoir l’impôt au 1er janvier 2026 et d’ouvrir, par décret, des crédits reconduits sur la base du budget 2025.


Il s’agit donc d’un dispositif technique d’urgence, prévu par la Constitution et la LOLF, pour éviter un vide budgétaire. À ce titre, je n’ai aucune raison de m’y opposer.


Mais je n’ai aucune raison non plus de la soutenir.

 

Pourquoi ?

Parce que ce budget reconduit est déjà austéritaire. Le budget 2025 comportait une baisse réelle des dépenses publiques de 32 milliards d’euros par rapport à 2024, et sa reconduction en 2026, dans un contexte d’inflation, dégrade encore les moyens des services publics.


Pire : ce sont les décrets du gouvernement qui fixeront concrètement les crédits. Autrement dit, l’exécutif se donne la main pour organiser un chantage aux crédits, geler des politiques publiques essentielles — comme cela a déjà été annoncé pour MaPrimeRénov’ — et tenter d’imposer ensuite son projet de budget austéritaire.


Nous sommes prêts à voter un budget écologique et social, fondé sur les besoins réels du pays. Pas à signer un quitus à un gouvernement qui a déjà perdu la bataille budgétaire et qui utilise l’urgence pour prolonger ses choix injustes.


Mon vote sera donc l’abstention :

ni blocage institutionnel, ni soutien à l’austérité.


Comme en 1789, lorsque le peuple força le pouvoir à reconnaître l’impasse de l’Ancien Régime, ce recours exceptionnel révèle surtout une chose : la défaite politique de ceux qui gouvernent contre l’intérêt général.


Le philosophe Etienne de la Boétie écrivait : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »

Sans cesse, nous, les Insoumis·es refuseront la violence sociale du budget prévu par le gouvernement Lecornu II. Nous continuerons à proposer une alternative solide, un budget social et écologique pour 2026.

Gabriel Amard

Député du Rhône

Groupe parlementaire LFI

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