PLFSS 2026

PLFSS 2026 : les malades payent, les riches encaissent.

Chaque automne, en macronie, le même scénario se répète : on nous dit que « la Sécurité sociale est au bord du gouffre », qu’il « faut des efforts collectifs », qu’il est « hors de question de s’endetter davantage ». Et chaque année, à l’abri de ces grands mots, se profile une nouvelle cure d’austérité sociale. Avec ce PLFSS 2026, le gouvernement Lecornu va encore plus loin dans la logique punitive.

Le déficit annoncé des comptes sociaux passerait de –23 milliards d’euros en 2025 à –17,5 milliards en 2026. Mais cet « amélioration » n’est qu’un tour de passe-passe comptable : le redressement repose sur 20 milliards d’efforts, dont 7 milliards de coupes dans la santé et 3,6 milliards d’économies sur les retraites et prestations sociales gelées.


Autrement dit : ce n’est plus la Sécu qu’on soutient, c’est sa réduction qui devient la « solution ».

I. Faire payer les malades : une ignominie sociale

Dans ce budget, les assurés les plus fragiles sont les premiers frappés.


  • Le taux de progression de l’ONDAM plafonné à +1,6 % impose un resserrement dramatique des dépenses de santé : 7,1 milliards d’euros d’économies à trouver, selon le gouvernement.
  • La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) propose plus de 3,9 milliards d’euros d’économies supplémentaires via 60 mesures de “maîtrise des dépenses”.
  • Le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires portera le reste à charge maximum de 100 € à 300 € par an.


Pour un malade chronique ou une personne en affection de longue durée (ALD), cela représente entre 150 € et 250 € de dépenses supplémentaires par an, non couvertes par les mutuelles. Environ 8 millions de personnes sont concernées.


S’y ajoute le déremboursement partiel des médicaments à service médical rendu faible ou modéré (–85 % de couverture au lieu de 100 %) et la fin du remboursement intégral des soins thermaux. Ce sont 115 millions d’euros de coupes directes sur les malades longue durée.


Enfin, le gel du forfait journalier hospitalier à 20 € par jour, sans compensation, se traduira pour les mutuelles par des hausses de cotisations de +3 à +10 %, répercutées sur les assurés.


Au total, un couple de retraités malades peut perdre entre 400 € et 600 € de pouvoir d’achat par an.

L’hôpital public et le médico-social étranglés

La Fédération hospitalière de France (FHF) tire la sonnette d’alarme : il faudrait +3 % de hausse du budget hospitalier pour simplement maintenir les services existants. Le PLFSS 2026 limite cette hausse à 1,6 %. Résultat :


  • un manque à gagner de 1,1 milliard d’euros pour les hôpitaux publics ;
  • des postes gelés ou supprimés, l’équivalent de 20 000 infirmiers manquants ;
  • une asphyxie des Ehpad : 7 sur 10 sont déjà en déficit, et certains ferment des lits faute de financements.


Les établissements sont désormais contraints de rogner sur les soins, les remplacements, les investissements. La santé publique est transformée en service sous perfusion.

III. Le grand recul de la solidarité sociale

Sous couvert de “retour à l’équilibre”, Lecornu impose un gel de toutes les prestations sociales en 2026. Pas d’indexation, pas de revalorisation.


3,6 milliards d’euros d’économies seront ainsi réalisées sur le dos des retraités, allocataires et familles modestes.


La Banque de France prévoit une inflation autour de 2 % : cela signifie une baisse de pouvoir d’achat de 2 % pour 17 millions de retraités.


  • Pour une pension moyenne de 1 450 €, la perte annuelle atteindra environ 350 € par personne.
  • C’est près de 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat retirés aux retraités sur les deux prochaines années.

 À partir de 2027, la sous-indexation se prolongera jusqu’en 2030, amputant encore les pensions de 0,4 point par an. Une lente érosion programmée.

IV. Les exonérations patronales intactes

Pendant que les assurés, les malades et les retraités sont pressurés, les exonérations patronales continuent :


  • 75 milliards d’euros d’exonérations sociales dont 8 milliards non compensés par l’État.
  • Le gouvernement ne prévoit qu’1,5 milliard de réduction marginale sur ces niches.
  • Les grandes entreprises du CAC 40 continueront d’être arrosées, tandis que les apprentis, alternants et retraités modestes verront leurs cotisations augmenter ou leurs revenus stagner.


Cette politique, c’est celle de l’injustice organisée : la santé et la retraite sont devenues des sources d’économies, les dividendes un tabou.

V. L’alternative insoumise

Face à cette offensive, nous, députés insoumis, affirmons :


  • La Sécurité sociale n’est pas un fardeau, c’est un droit collectif issu du Conseil national de la Résistance.
  • Il faut revenir à la cotisation sociale, à la hauteur des besoins réels, en taxant les dividendes, les stock-options et les revenus financiers.
  • Il faut indexer les retraites et les prestations sur l’inflation réelle.
  • Il faut investir massivement dans les soins et rétablir les postes supprimés à l’hôpital et dans le médico-social.
  • Il faut protéger la gestion paritaire de la Sécu, à l’abri de la main de l’État et des assureurs privés.

VI. Pour conclure

En 1945, Ambroise Croizat déclarait :


Aujourd’hui, son œuvre est attaquée de toutes parts : budgets étriqués, soins privatisés, solidarités comprimées. Ce PLFSS 2026 en est l’illustration flagrante.


Mais la résistance existe — dans les hôpitaux, dans les associations, dans les luttes, à l’Assemblée.

Nous porterons avec force ce message :


Nous ne laisserons pas la Sécu devenir le rempart d’un recul social ; nous la ferons renaître comme lieu de conquêtes nouvelles.

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