Enseignant·es en souffrance : la Macronie responsable

L’OCDE vient de publier l’édition 2024 de son enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage, dite « TALIS ». Plus de 280 000 enseignant·es de 55 pays y ont participé, dont près de 6 000 en France. Les résultats sont sans appel : la situation des enseignant·es français·e est l’une des plus préoccupantes au monde.

Une profession dévalorisée et fragilisée

Seul·es 4 % des enseignant·es en France estiment que leur travail est valorisé dans la société, contre 22 % en moyenne dans l’OCDE. À cette crise de reconnaissance s’ajoute une formation initiale et continue jugée insuffisante. À peine 53 % des jeunes enseignant·es estiment avoir reçu une formation de qualité, loin derrière la moyenne internationale (75 %). La formation continue ne joue pas son rôle non plus : seul·es 35 % la jugent utile, contre 55 % ailleurs.

Insatisfaction et conditions de travail dégradées

Près de 8 enseignant·es sur 10 se disent satisfait·es de leur métier, mais la tendance est à la baisse et la France recule au classement. Les salaires sont l’un des principaux points noirs : seul·es 27 % des enseignant·es se disent satisfait·es de leur rémunération, bien en deçà de la moyenne OCDE. Quant aux conditions de travail, elles se sont nettement dégradées depuis 2018 avec la multiplication de réformes inadaptées aux réalités du terrain.

Dans le même temps, la diversité des publics scolaires s’accroît : davantage d’élèves réfugié·es, davantage d’élèves à besoins particuliers. Or, aucun moyen supplémentaire n’est alloué pour accompagner cette évolution.

Une pression institutionnelle étouffante

Les enseignant·es pointent aussi une surcharge administrative et des réformes imposées sans concertation, et je les comprends, notamment celle des évaluations standardisées généralisées dès l’école élémentaire. En réduisant les apprentissages aux seuls « fondamentaux » et en uniformisant les programmes, ces évaluations transforment les professeur·es en simples exécutant·es, niant leur expertise professionnelle et réduisant leur liberté pédagogique.

La responsabilité de la Macronie

Cette crise n’est pas un hasard : elle est le résultat de choix politiques.

• Les budgets éducatifs reculent : en France, la part des dépenses publiques consacrée à l’éducation est passée de 8,3 % à 8 % entre 2015 et 2022.

• Les postes sont supprimés : 3 000 emplois publics seront supprimés dès 2026, avant un non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois en 2027.

• Les enseignant·es sont fragilisé·es : alors même que 330 000 départs à la retraite sont attendus d’ici 2030, aucun plan d’ampleur n’est lancé.

Les solutions que nous portons

Face à ce désastre, la France insoumise propose une refondation ambitieuse de l’école publique :

• Revaloriser les salaires de 30 % en moyenne, en deux étapes : +15 % immédiat, puis revalorisation des grilles indiciaires.

• Pré-recruter dès le lycée et à l’université, pour ouvrir le métier aux jeunes de tous milieux sociaux.

• Lancer un plan pluriannuel de recrutement et faciliter les reconversions vers les métiers de l’enseignement par des formations rémunérées.

• Réduire les effectifs par classe, en visant moins de 19 élèves, avec priorité à la maternelle, aux lycées professionnels et à l’éducation prioritaire.

• Garantir la gratuité réelle de l’école, de la cantine aux transports, des manuels aux fournitures.

L’école de la République ne doit pas être abandonnée aux logiques comptables et managériales. Elle doit redevenir le lieu de l’émancipation collective, où enseignant·es et élèves trouvent les moyens de grandir ensemble.

« Offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits. » — Condorcet, Rapport sur l’instruction publique, 1791

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