La taxe Zucman

La taxe Zucman : Pour que les milliardaires paient leur part comme tout le monde.

Le débat budgétaire revient chaque année avec son lot d’injustices. Mais l’une d’elles crève les yeux : les ultra-riches échappent massivement à l’impôt. Grâce à des montages fiscaux sophistiqués, les milliardaires français ne contribuent qu’à hauteur de 0 à 0,5 % de leur fortune. Pendant ce temps, la majorité des citoyennes et des citoyens voient leurs impôts représenter plusieurs points de leurs revenus ou de leur patrimoine.

 

Face à ce scandale fiscal, une solution existe : la taxe Zucman. Proposée par l’économiste Gabriel Zucman, elle établit un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches (supérieur à 100 millions d’euros). Concrètement, elle concernerait environ 1 800 foyers fiscaux, soit moins de 4 000 personnes, et rapporterait entre 15 et 20 milliards d’euros. Cet argent pourrait financer l’école, l’hôpital, la bifurcation écologique : tout ce dont notre pays a cruellement besoin.

Démasquer les faux arguments des opposants

Les adversaires de cette mesure agitent sans cesse les mêmes épouvantails :

  • Exil fiscal ? Faux problème. Les études montrent que les départs sont marginaux, selon le conseil d’analyse économique, seulement 0,2% des 1%  des français les plus riches s’expatrie chaque année, soit deux fois moins que lorsqu’on considère l’ensemble de la population française (0,38%). De plus, la taxe prévoit un bouclier anti-exil qui maintient l’imposition pendant 5 ans après un départ. Lire ma note à ce sujet : https://www.gabrielamard.fr/mes-posts/taxer-les-riches-ne-les-a-jamais-fait-fuir.html
  • Frein à l’investissement ? Argument fallacieux. Les milliardaires peuvent payer en titres d’entreprise, ce qui évite toute casse économique. En réalité, ne pas taxer les biens professionnels revient à vider la mesure de son sens.
  • Inconstitutionnalité ? Infondé. Le Conseil constitutionnel a déjà validé par le passé des prélèvements similaires, et la taxe Zucman est bien plus ciblée que l’ancien ISF.
  • Optimisation fiscale ? Limité par le principe même d’un impôt minimum, établi sur la fortune totale.
  • Injuste ? En 1996, les 100 plus grandes fortunes possédaient l’équivalent de 6 % du PIB français, aujourd’hui elles en concentrent 42 %. Cela correspond à une progression moyenne d’environ 8 % par an, contre seulement 2 % pour le patrimoine du ménage moyen, creusant ainsi les inégalités. Cet impôt viendrait donc réduire le rythme d’augmentation des inégalités de patrimoine.

Ces critiques s’effondrent à l’épreuve des faits. La vérité, c’est que les plus riches refusent de contribuer comme tout le monde, préférant brandir des menaces d’exil plutôt que de reconnaître leurs privilèges.

Un large soutien, au-delà des clivages


La taxe Zucman n’est pas seulement une idée de gauche. Elle est soutenue par des économistes de toutes sensibilités, dont sept prix Nobel (Esther Duflo, Paul Krugman, Joseph Stiglitz, etc.), mais aussi des figures libérales comme Olivier Blanchard ou Jean Pisani-Ferry. À l’Assemblée, elle a déjà été votée à deux reprises en 2025, preuve qu’une majorité politique est prête à la mettre en œuvre.


Une urgence sociale et écologique


La concentration de richesses atteint des niveaux délirants : les 500 premières fortunes françaises possèdent 1 228 milliards d’euros, contre 124 milliards en 2003. En vingt ans, c’est une explosion de +890 % ! Les 10 premiers milliardaires détiennent à eux seuls 400 milliards. Même en perdant 99 % de leur fortune, ils resteraient milliardaires.


Dans ces conditions, il n’est pas acceptable que les ménages modestes et les classes moyennes portent presque seuls le poids de l’impôt, tandis que les plus riches organisent leur sécession fiscale. Comme le rappelle la Déclaration des droits de l’Homme, la contribution doit être également répartie entre tous les citoyen·nes, en raison de leurs facultés.


C’est une question de justice sociale, mais aussi de survie collective. Car ces 15 à 20 milliards annuels permettraient de financer la transition écologique, de renforcer nos services publics et de bâtir une société plus égalitaire.


Conclusion


La taxe Zucman n’est pas une lubie idéologique. C’est une mesure simple, juste, soutenue par les meilleurs économistes du monde, et déjà votée par le Parlement. Elle est surtout une urgence pour redonner sens à la République sociale et écologique.


Comme le disait Victor Hugo :

« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. »


Il est temps de mettre fin à ce scandale et d’exiger que les milliardaires paient enfin leur juste part.

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