Trump et les armes nucléaires : le retour d’une course à l’échalote mortifère

Le 20 octobre 2018, Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI). Il balaie d’un revers de la main l'accord emblématique de la fin de la guerre froide signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. En un mot : il relance la course aux armements !


Pour quel motif ? L'homme à la crête blonde peroxydée avance que les Russes ne respectent pas le traité. En réalité, Trump remet en cause ce qu'on a coutume d'appeler « l’Arms Control », la maîtrise de l'armement. C'est la gestion commune du risque nucléaire engagé par les Etats-Unis et l'URSS.


Après la crise des missiles de Cuba en 1962, Américains et Soviétiques prennent conscience que la sécurité totale de l’un emporte inévitablement l’insécurité de l’autre. Ils conviennent que la course à l’armement est illusoire et dangereuse. Les deux pays s’engagent à partir de 1972 dans un processus de réduction volontaire de leur arsenal nucléaire. Le traité FNI de 1987, dénoncé aujourd’hui par Trump, met fin à la crise des euromissiles. Il est le premier grand accord de désarmement nucléaire. Si depuis les années 60, les Etats du club du nucléaire s’étaient engagés dans une limitation la prolifération des armes nucléaires, cet accord prévoyait lui, l’élimination complète des armes de portée intermédiaire. Un pas important avait donc été franchi.


Mais Trump n’en est pas à son coup d’essai... En mai dernier, il annonce le retrait américain de l’accord multilatéral sur le nucléaire iranien signé sous l’égide de l’ONU en juillet 2015. Depuis le 5 novembre 2018, les partenaires économiques de l’Iran se retrouvent sous la menace de sanctions américaines. Dans le même temps, Le président américain se satisfait de négociations qui patinent avec la Corée du Nord. Il ne semble pas se rendre compte que son attitude envoie un message d'escalade et non d'apaisement aux dirigeants nord-coréens.


Donald Trump n’a de cesse de remettre en cause les accords internationaux : retrait de l’accord climat, retrait de l’UNESCO, retrait du traité sur l’Union postale universelle datant de 1874, retrait de l’accord iranien puis aujourd’hui du traité FNI. Les Etats-Unis renouent avec une vision unilatérale des relations internationales. Une vision inquiétante. Depuis 2001 déjà, le retrait du traité sur les défenses anti-missiles par George Bush est la cause majeure de crispations entre Washington et Moscou. Ce nouveau retrait ne peut qu’accentuer les tensions. Il y a dans cette affaire, tous les ingrédients réunis pour une nouvelle course folle et mortifère à l’armement nucléaire. !


Le 26 septembre, j'étais à Genève pour rencontrer l'ONG ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires. L'ONG est prix Nobel de la paix 2017 pour son combat en faveur de l'abolition de ces armes. Les responsables de l'ONG ont rappelé les risques humanitaires liés à une explosion nucléaire. Ils ont rappelé que nul n'est à l'abri d'un accident, au vu du nombre de bombes en circulation dans les mers et les airs (avions, sous-marins).

En dénonçant le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), Trump crée un dangereux précédent. Il adopte une politique qui vise à faire plier l’autre par la force. Il relance la course aux armements. Il crée un monde plus dangereux pour tous. La sécurité mondiale est l’affaire de tous. Avec un allié comme lui, pas besoin d'ennemis ! Ce n'est pas l'armée européenne de Macron qui règlera le problème, qui n'est que la branche européenne de l'OTAN ! C'est pourquoi, pour défendre la paix, il faut à tout prix sortir de l'OTAN pour ne plus être inféodé à la logique militariste du gouvernement des Etats-Unis.


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