« Dans un contexte de mise en extinction du SNU et de création prochaine du service militaire volontaire », c’est par ces mots dans un communiqué de presse du vendredi 19 septembre 2025 que le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la fin du Service national universel (SNU) à partir du 1er janvier 2026.
Depuis la création du SNU, les Députées et Députés insoumis se sont fermement opposés à ce fiasco pédagogique, budgétaire et politique porté par la macronie. Proposée et rapportée en 2024 par l’ex-Député LFI Léo Walter, la mission d’information « sur les conditions d’accueil et d’encadrement des séjours de cohésion du service national universel (SNU) » a été supprimée par la dissolution de juin 2024, puis rétablie le 6 novembre 2024 – sous l’impulsion du Député du Rhône Idir Boumertit et co-rapporteur du rapport d’information paru le 17 septembre 2025.
Deux jours après la publication du rapport d’information du Député LFI Idir Boumertit, l’annonce de l’arrêt du SNU marque une victoire après des années de gabegie et constitue un véritable camouflet pour Gabriel Attal, qui avait annoncé dans son discours de politique générale du 30 janvier 2024 la généralisation du SNU à partir de la rentrée scolaire 2026.
83 personnes ont été auditionnées pour ce rapport parlementaire et les conclusions sont limpides : le SNU est un « projet flou dont la mise en œuvre a été chaotique » (p. 20) et sa généralisation est un « échec politique patent » (p. 76).
Des milliards d’euros ont été dépensés par les gouvernements macronistes successifs pour un dispositif, qui ne remplissait aucun intérêt légitime en termes de défense, d’éducation, d’insertion, de cohésion sociale, de résilience ou de solidarité. Stage inepte de deux semaines à destination des lycéennes et lycéens, il ne s’adressait pas à des adultes souhaitant servir la Nation.
En outre, comme le soulignait l’ancien Député Léo Walter, le SNU réduisait « les valeurs de la République au port de l’uniforme et au lever du drapeau » tout en étant le théâtre d’incidents graves : malaise des participants, punition collective ou encore agressions sexuelles aggravées qui avait poussé les Députées et Députés insoumis à déposer le 25 avril 2023 une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur les dérives du service national universel - restée sans suite.
Le SNU a constitué une dépense financière conséquente de l’Etat et au profit de classes supérieurs, alors que la lutte contre les inégalités socio-économiques était proclamée comme l’une de ses raisons d’être. Ce SNU n’a jamais été populaire mais un véritable entre-soi social. Les jeunes issus de familles d’ouvriers, qui représentent 30 % de la population active, ne représentaient que 17 % des participants et les jeunes des quartiers populaires 5 % des participants, contre 9 % de la population. À l’inverse, les enfants de cadres y sont surreprésentés, comme ceux des jeunes issus de familles liées aux « corps en uniforme », qui étaient 33 % des participants, pour moins de 2 % dans la population active.
Impopulaire auprès du personnel éducatif et des jeunes et imposé unilatéralement par Macron, nous ne pouvons que nous réjouir de sa fin et poursuivre le combat insoumis pour l’augmentation des moyens alloués à l’école publique, le sport et l’éducation populaire dans le contexte d’une austérité budgétaire jamais atteinte depuis des décennies.
Les propositions du rapport parlementaire vont même dans ce sens : afin de « renforcer l’école publique, de faire du sport un véritable service public de proximité et de soutenir l’éducation populaire » (p. 259) - véritable levier de renforcement de la cohésion sociale et de lutte contre les inégalités – le Député Boumertit propose de réaffecter les 11 milliards d’euros prévus pour sa généralisation (estimation de la Cour des Comptes, 2024) vers les mesures suivantes : gratuité intégrale de l’école (6,2 Mds €), création d’un service public des AESH (2,5 Mds €), abrogation de la réforme du lycée professionnel et réinstauration d’une 4e année pour l’obtention du bac pro (650 M€) ou encore augmentation et élargissement du Pass’Sport en l’ouvrant notamment aux fédérations de sport scolaire (200 M€).
Indépendamment de ce rapport, la France insoumise propose la création et la mise en place d’une « conscription citoyenne ». Cette dernière aurait pour vocation de lutter concrètement contre la précarité de la jeunesse en offrant une formation à toutes et tous et contre l’exclusion des citoyennes et citoyens de la gestion des questions de sécurité et de défense.
D’une durée de neuf mois, obligatoire pour les jeunes de 18 à 25 ans et rémunérée au SMIC revalorisé (1600 euros), la conscription citoyenne serait effectuée proche du lieu de vie de chacune et chacun. Par ailleurs, elle comporterait une formation militaire initiale, avec un droit d’objection de conscience, une formation en géopolitique, ainsi qu’un volet d’éducation civique.
Cette formation serait de même un moment de remise à niveau gratuit des jeunes en difficulté, qui parfois ont pu décrocher du système scolaire. Une évaluation des capacités d’écriture, de lecture et de calcul avec leur éventuelle remise à niveau seraient inclues dans ce dispositif. Plus largement, au cours de ces trois semestres, un bilan de santé, la formation gratuite à la conduite, et le passage du permis de conduire seront prévus.
Des tâches d’utilité publique y seraient également effectuées : secours aux personnes, sécurité civile, protection et réparation de l’environnement, appui associations d’intérêt général, appui à la population en cas de crise sanitaire.
Enfin, sur la base du volontariat, les jeunes pourraient prolonger la durée de la conscription citoyenne, qui constituerait pour toutes et tous un socle pour l’intégration à la Garde nationale.
En somme, la victoire de la fin du SNU n’est pas seulement la fin d’un dispositif injuste et inepte, c’est l’ouverture d’un nouveau chemin : celui d’une République qui croit dans l’intelligence, la liberté et la dignité de sa jeunesse. Le vrai service rendu à la Nation, ce n’est pas de lever un drapeau, mais de bâtir une société plus juste.
Comme le rappelait Nelson Mandela :
« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »