Intervention de Gabriel Amard, député du Rhône
Citoyens, Citoyennes,
Vous pourrez leur dire, en dehors de ces murs : “insultez- nous, salissez-nous, regardez le résultat !” Nous voilà, grâce à votre engagement quotidien de têtes dures, nous voici renforcés, plus nombreux encore ce soir que le soir où nous lancions ici même le Nouveau Front populaire à Villeurbanne. Nous vous le devons. Sachez que cela nous donne mandat et responsabilité. Nous n’avions pas prévu de mollir, ni de plier un genou, quel que soit le rythme qui nous est imposé à l’Assemblée nationale. Mais je dois dire que je vais y retourner, peut-être même jusqu’à dimanche soir, avec toute l’énergie que vous m’aurez transmis par votre rassemblement et votre démonstration de force. Que les militantes et les militants, les citoyennes et les citoyens sensibles à notre rassemblement en soient remerciés. En tout cas pour ma part, je vous en serai éternellement reconnaissant. Ce jour comptera pour l’avenir de la construction de notre mouvement, de notre audience politique, alors même que nous sommes si près du but. J’y reviendrai. Gaëlle Fabriguet et Mathieu Garabedian vous l’ont dit : nous inscrivons ce rassemblement comme un point d’étape dans une enquête populaire qui a été déclenchée par le travail parlementaire que j’anime mais qui a été rapidement, à ma grande stupéfaction, rejoint par des jeunes et moins jeunes qui consacrent quotidiennement du temps à recueillir les colères, les priorités. Et finalement, ce qui devait me donner, à moi, mandat pour défendre des amendements, des propositions, notamment à l’occasion du projet de lois de finance 2026 de la République, a fini par donner mandat à un point que Mathieu et Gaëlle vous annoncent qu’ils animeront des ateliers participatifs pour que vous-même vous trouviez les réponses adéquates dans une ville et une métropole qui ont les moyens de faire face aux colères et aux souffrances du quotidien.
Je ne serai pas exhaustif, des thèmes viennent d’être déjà évoqués par nos chef·fes de file, mais je retiens trois idées qui sont en haut de la liste.
La première, c’est le cri des Villeurbannaises et des Villeurbannais qui disent : “Assez de génocide à Gaza !”, oui à la paix ! Oui à la reconnaissance de l’État palestinien ! Assez de misère. Oui, il faut l’égalité des droits en France et oui, il faut que chacun puisse vivre dignement. Nous sommes tous semblables en humanité. Nous le méritons !

Crédit photo : Bruno M.
A ceux qui vous disent que c’est impossible, que c’est une utopie, que ça coûterait trop cher ou que c’est « trop compliqué », nous répondons : c’est une question de volonté politique. Et nous, nous l’avons. Nous l’avons démontré par la résistance des citoyennes et des citoyens qui se fédèrent autour de nos mots d’ordre et de résistance, autour de nos avancées. Mais aussi nous le sentons en porte-à-porte chaque jour, nous nous en donnons les moyens à l’Assemblée nationale comme au Parlement européen. Et je crois que nous pouvons adresser notre reconnaissance à l’ensemble des insoumises et des insoumis, qui chacun·e à leur poste de combat tiennent la tranchée sous les bulles puantes, sous les menaces, parfois même les menaces de mort dont nous sommes destinataires.
Depuis 2023, les horreurs s’enchaînent à Gaza. Des dizaines de milliers de civils assassinés, des enfants mutilés, des hôpitaux visés. Et pendant ce temps, la France macroniste tergiverse, temporise, regarde ailleurs.
Mais la France insoumise, elle, n’a pas tremblé, dès la première minute en condamnant tous les crimes de guerre et en exigeant le cessez-le-feu immédiat. Aucun crime de guerre ne peut légitimer un génocide. Nous avons soutenu la saisine des juridictions internationales : la CPI, la CIJ. Nous demandons à ce que tous les criminels de guerre soient arrêtés, jugés et condamnés. Nous avons appelé à un moratoire sur les ventes d’armes au gouvernement Netanyahou. Nous avons demandé la reconnaissance immédiate de l’État de Palestine. Nous avons dénoncé le double standard du gouvernement français face à ce massacre, premier génocide du XXIe siècle.
Et pendant ce temps-là ? Qu’a fait le Rassemblement National ? Un pèlerinage politique à Tel-Aviv. Bardella en visite officielle, Le Pen justifiant les « déplacements » de population — une manière polie tout simplement barbare de dissimuler le nettoyage ethnique en cours.
Ne vous y trompez pas : derrière leurs grandes envolées sur la sécurité d’Israël, il n’y a rien pour la paix. Rien pour la justice. Rien pour les droits humains.
Nous disons : pas de paix durable sans justice, pas de justice sans droit international. Et l’honneur de la France, c’est de se tenir du côté du droit, pas du côté des génocidaires. À Monsieur Macron nous disons “il ne servira à rien de reconnaître l’État de Palestine quand il sera vidé de son peuple”.
Et ici en France, des murs invisibles discriminant, c’est certain, excluant, toujours. Il y a ceux qu’on contrôle au faciès, ceux à qui on ferme la porte d’un logement, d’un emploi, d’un avenir.
Et pendant ce temps-là, que fait le RN ? Il vote la loi immigration de Darmanin. Il applaudit les campagnes de stigmatisation. Il réclame la préférence nationale – autrement dit : la division du peuple pour que les belles personnes puissent se gaver en paix.
Avec la France insoumise, nous avons lancé un groupe d’étude parlementaire sur les discriminations raciales et religieuses. Nous étions dans la rue le 22 mars, à Lyon comme partout en France. Nous proposons un Commissariat à l’égalité, un récépissé pour que les contrôles de police cessent d’être à répétition sur les mêmes personnes, minute après minute, quart d’heure après quart d’heure, la fin des discriminations à l’embauche, et le rétablissement du droit du sol.
Tu nais en France tu es français : liberté, égalité, fraternité ! Tu vis en France, tu deviens français. Avec nous, ce sera la régularisation de tous les étrangers qui travaillent en France.
Et surtout, la République est une promesse non tenue si elle n’assure pas l’égalité des Droits.

Crédit photo : Bruno M.
Ensuite, le racisme, on va leur rappeler, ce n’est pas une opinion. C’est condamné par le code pénal. Alors je le dis à mon tour, nous refonderons la police de la cave au grenier et nous donnerons à la République les moyens de poursuivre et condamner toutes celles et tous ceux qui parlent et agissent en racistes. Le racisme est une arme de diversion massive, pour faire oublier les vraies causes de la misère.
Pendant que les prix explosent, pendant que les loyers montent, pendant que les fins de mois commencent de plus en plus tôt, les milliardaires, eux, n’ont jamais été aussi riches. Et qui a voté contre l’augmentation du SMIC à 1 600 euros ? Le RN. Qui vote contre le gel des loyers ? Le RN. Qui vote contre la taxe sur les superprofits ? Le RN encore. Qui a voté contre l’abrogation de la réforme des retraites ? Le RN. Qui est contre l’égalité salariale femmes-hommes ? Toujours le RN. Et au Parlement européen ? Attardons-nous : quand il s’agit de voter un salaire minimum décent pour 25 millions d’Européens ? C’est Bardella qui dit non. Il préfère des « contrats d’entreprise » pour faire encore plus de cadeaux aux multinationales, je rajoute.
A la France insoumise, nous avons un plan clair, rappelez-le de partout, tout le temps ! Ils nous ont volé l’élection du mois de juillet. Nous pouvions par décret et nous ne l’avons pas oublié en chemin, nous le ferons : augmenter le SMIC de 15%, indexer les salaires sur l’inflation, nationaliser les autoroutes et la SNCF, bloquer les prix de l’énergie, la gratuité des premiers mètres cubes d’eau potable, à l’instar de ce que Florestan Groult et les associations et collectifs d’usagers avec EAU Bien commun ont obtenu à la Métropole de Lyon ; et des k watts indispensables à la vie gratuits, des fournitures scolaires, des protections périodiques… Pas de minima sociaux en dessous du seuil de pauvreté, pas de retraite complète en dessous du SMIC et ce sera aussi l’ISF climatique bien sûr et la taxe sur les superprofits.
Le peuple tout entier à le droit au bonheur, aux plaisirs simples de la vie… Notre programme c’est “vivre dignement plutôt que survivre péniblement”.
Alors, pendant que la droite macroniste, les Retailleau et consort et l’extrême droite s’emploient à diviser le peuple, dans nos quartiers, les réseaux mafieux s’enracinent, les fusillades se répètent, les familles vivent souvent dans la peur. Et que répond le gouvernement ? Des opérations de com’ : « place nette », on pousse le problème plus loin, des drones, des caméras qui coûtent fort cher aux collectivités locales et qui auraient tant besoin d’être remplacées par des moyens humains.
Et que propose le RN ? Le retour de la peine de mort. Oui , oui, vous avez bien entendu. La peine de mort pour les trafiquants. Mais toujours aucune solution pour casser les réseaux à la source.
La France insoumise, concrètement, propose une stratégie globale et claire : frapper les têtes de réseaux, pas nos enfants dans les quartiers, renforcer la police judiciaire, légaliser le cannabis et encadrer sa vente, affecter les recettes fiscales à la prévention et aux soins, confier cette politique au ministère de la Santé et pas au ministère de l’Intérieur.
Citoyennes, citoyens, la guerre à la drogue, c’est la guerre au peuple quand elle ne vise pas les vrais responsables. Pensez- y parce que là encore, il y a beaucoup d’enfumage et si nous n’avons pas voté le texte de loi à l’Assemblée nationale contre les narcotrafics, c’est parce que c’est de la com’ et qu’il n’y a pas les moyens pour éradiquer le problème à la source.
Vous avez compris : nous voulons la paix, la justice, la dignité. Nous voulons une France fidèle à sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
Et à celles et ceux qui se demandent encore si c’est possible, je commencerai par la formule de Nelson Mandela : “Cela semble toujours impossible… jusqu’à ce que ce soit fait.”
Et au moment où la France n’a jamais été aussi riche de son histoire, pendant deux mois, à l’automne-hiver 2024, nous l’avons fait avec Mathilde Panot et Manuel Bompard à l’Assemblée nationale, nous avons travaillé avec ceux de nos partenaires qui à l'époque n’avaient pas encore oublié ce pourquoi ils avaient été élus, nous avons fait la démonstration qu’il était possible de réduire le déficit de la France à moins de 3% et de trouver 75 milliards de recettes supplémentaires pour financer nos écoles, nos services publiques de proximité et nos hôpitaux ! Nous l’avons fait ! Mais vous avez vu ce que nous avons fait ensuite quand M. Barnier s’est permis de jeter la copie et de partir au Sénat pour continuer sa petite chanson qui consistait à casser encore plus de sucre sur les collectivités locales, leur prenant 10 milliards alors qu’elles sont déjà à l’os et de retirer encore 50 milliards aux services publiques de la République : nous l’avons censuré, nous l’avons renvoyé à la maison. Et je me demande encore pourquoi nous ne l’avons pas fait, alors que nous avons déposé des motions de censure en ce sens, pour que M. Bayrou soit à son tour congédié jusqu’à ce que nous obtenions que les élections de 2024 soient respectées par celui-là même qui les a provoquées.
Il me faut finir. Aidez-nous. Il manque si peu : six voix par bureau de vote pour être au deuxième tour en 2022. C’est à votre portée, non ? A toutes les élections, nous rassemblerons, nous fédérerons, tout le monde est le bienvenu, mais nous ne renoncerons pas à ce pourquoi nous faisons la marche en tête : pour fédérer le peuple et anéantir les maux à la racine pour proclamer enfin la République sociale en France.
Je vous remercie.