La macronie menace du chaos si Bayrou tombe le 8 septembre. Comme toujours, elle brandit des arguments pour faire peur, accusant l’opposition d’« irresponsabilité » et de mettre en péril la stabilité de la République. Mais la vérité est tout autre : notre Constitution et la loi organique relative aux lois de finances garantissent qu’il y aura un budget, quelle que soit la situation politique. Loi spéciale, crédits votés, délais encadrés — les filets de sécurité existent.
Le seul vrai chaos, c’est celui qu’organise Macron lui-même : un chaos social, éducatif et écologique. Un chaos volontaire, quand il impose l’austérité, détruit les services publics et rêve même de s’arroger les pleins pouvoirs par l’article 16. Voilà où mène ce pouvoir : à un autoritarisme budgétaire au service d’une poignée de privilégiés.
La chute de Bayrou : un moment d’ouverture démocratique
La chute de Bayrou n’est pas la fin du monde, c’est l’ouverture d’un champ des possibles. Elle peut ouvrir la voie à un retour aux urnes. Et si l’Union populaire l’emporte, alors un autre budget est possible pour 2026 : un budget qui ne reconduit pas les logiques d’austérité, mais qui répond enfin aux besoins du peuple et du commun du vivant.
Contrairement au discours de peur des marconistes, les institutions prévoient tous les mécanismes nécessaires pour assurer la continuité budgétaire. Une loi spéciale permet de maintenir la collecte de l’impôt et le financement des services publics. La reconduction des crédits votés permet d’assurer le fonctionnement courant de l’État. Les élections anticipées, loin d’être un danger, sont au contraire une solution démocratique : rendre la parole au peuple.
Une rentrée 2025 qui dit tout de l’état de la France.
Pendant que Macron et Bayrou agitent l’épouvantail du « vide budgétaire », la rentrée 2025 révèle cruellement l’état du pays.
- École sinistrée : il manque 2 500 professeurs dès la rentrée. Plus de 2 600 postes n’ont pas été pourvus aux concours, dont 1 700 rien que dans l’enseignement public. Et malgré ce déficit chronique, le gouvernement annonce la suppression de 3 000 postes dès 2026 et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois à partir de 2027. Cette politique est une double peine : elle aggrave le manque de professeurs et fait peser la charge sur des classes toujours plus chargées. La France est déjà l’un des pays européens où les classes sont les plus surpeuplées : 21,3 élèves par classe en primaire contre 19,1 en moyenne dans l’Union européenne.
- Un métier sacrifié : alors que 44 % des enseignants ont vu leur salaire net baisser en 2022, le gouvernement continue d’abîmer l’attractivité du métier. Plutôt que d’investir dans la formation, les salaires et les conditions de travail, il mise sur la précarité et l’épuisement des personnels.
- Handicap relégué : 13 % des enfants accueillis en établissement spécialisé n’ont aucune heure de scolarisation, 38 % moins de 6 heures par semaine. 4 400 enfants attendent une place en institut médico-éducatif. Faute de moyens et de personnels, ce sont des enfants parmi les plus fragiles qui se trouvent exclus du droit fondamental à l’éducation. Et quoi dire de l’intégration des enfants en situation de handicap dans les établissements scolaires !? J’y reviendrai prochainement.
- Enfants à la rue : à la veille de la rentrée, 2 159 enfants n’ont toujours pas de toit, dont 503 de moins de trois ans. En un an, leur nombre a augmenté de 6 % et de 30 % depuis 2022. Le gouvernement avait promis « zéro enfant à la rue » : il laisse aujourd’hui prospérer une honte nationale. Ma note de blog à ce sujet : https://www.gabrielamard.fr/mes-posts/2-159-enfants-a-la-rue-en-france.html
- Familles étranglées par les coûts : le panier moyen de fournitures scolaires dépasse 200 euros. L’allocation de rentrée scolaire n’a été revalorisée que de 1,7 %, quand les prix des fournitures augmentent de 2 %. Les familles populaires payent la double peine : l’inflation et l’inaction.
Ce que nous voyons à Villeurbanne et dans la métropole lyonnaise
Ici, dans la métropole de Lyon et à Villeurbanne, ces réalités prennent chair et visage :
- Dans nos écoles : plusieurs classes de primaire comptent encore plus de 28 élèves. Les directeurs et directrices d’école me disent leur fatigue et leur solitude administrative.
- Dans nos collèges et lycées : l’éducation prioritaire est étranglée par le manque de professeurs et d’AESH, alors qu’elle devrait être le fer de lance de l’égalité républicaine.
- Dans nos rues : l’UNICEF et la FAS recensent des dizaines d’enfants sans logement rien qu’à Villeurbanne et dans l’agglomération lyonnaise. Chaque matin de rentrée, ce sont des élèves qui partent à l’école sans avoir dormi dans un lit.
- Dans nos quartiers populaires : les familles comptent chaque euro pour acheter des fournitures scolaires. Beaucoup me disent avoir dû renoncer à certaines activités périscolaires ou aux sorties parce que les prix explosent.
La métropole de Lyon, riche de ses moyens financiers, pourrait décider d’organiser la gratuité des cantines, des transports scolaires et des fournitures. Mais tant que l’État impose l’austérité, même les collectivités les plus volontaires se trouvent étranglées.
Le projet de l’Union populaire
Face à cette maltraitance sociale et institutionnelle, un autre chemin existe :
- Pour les enseignants : une revalorisation immédiate de 15 % des traitements et une revalorisation des grilles indiciaires pour atteindre une hausse moyenne de 30 %.
- Pour l’avenir : un plan massif de pré-recrutement dès la terminale et la licence, un plan pluriannuel de recrutement, des formations rémunérées, la reconnaissance des reconversions professionnelles.
- Pour les élèves : la réduction des effectifs par classe en priorité dans les zones populaires, les maternelles et les lycées professionnels.
- Pour les plus fragiles : un vrai statut de fonctionnaires pour les AESH, afin de garantir un accompagnement digne et stable des élèves en situation de handicap.
- Pour les familles : la gratuité de la cantine, des transports scolaires, des fournitures et activités périscolaires, afin de rompre avec les inégalités dès l’école.
Voilà ce que permettrait un budget rédigé par et pour le peuple, et non dicté par Bruxelles, par les agences de notation et la doxa libérale de Macron.
Redonner souffle à la République sociale
La rentrée 2025, ce n’est pas seulement le retour à l’école, c’est le retour de la question politique essentielle : qui gouverne et pour qui ?
- Gouverner pour les marchés financiers ou pour les enfants de France ?
- Gouverner pour les actionnaires ou pour les professeurs qui transmettent le savoir ?
- Gouverner pour maintenir une fiction budgétaire ou pour offrir à chaque enfant un avenir digne ?
Avec mes camarades insoumis et insoumises nous répondons : gouverner, c’est choisir la vie contre l’austérité, la dignité contre la résignation, la République sociale contre l’abandon.
« La tyrannie est fille et mère d’ignorance… dès que survient une crise, elle ne suffit plus à la force des événements ». Castres le 30 juillet 1904.