16 juin : Bure s'invite à Bar

Celles et ceux qui lisent mon blog savent que depuis plusieurs années je soutiens les opposant.e.s au projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure. En effet, je me suis exprimé à plusieurs reprises pour défendre la légitimité et la valeur de leur expertise citoyenne, pour valoriser les formes nouvelles de mobilisation politique qui s'y développaient, pour s'opposer aux grands projets inutiles, a fortiori quand ceux-ci sont radioactifs !


Demain, le 16 juin, une grande mobilisation contre la "grosse poubelle nucléaire de Bure" aura lieu. Les "hiboux" vont réinvestir la ville et se faire entendre.


e 15 août 2017, la manifestation avait été violemment réprimée par les forces de l'ordre. Depuis, le 11 janvier dernier, l'Agence de sûreté nucléaire émettait de sérieuses réserves sur la conception technique projet CIGEO en matière notamment de risques d'incendie des déchets bitumineux. Mais que répond le pouvoir ? Le 22 février dernier, les 500 gendarmes ont expulsé celles et ceux qui occupaient le bois Lejuc, le jour même de la venu du secrétaire d'Etat Lecornu dans la ville! Comble du dialogue à la sauce Macron. En mars, un opposant a été condamné à trois mois de prison de ferme en mars dernier, alors qu'il défendait l'intérêt général. Le 11 avril dernier, le Conseil d'Etat rejetait le recours des associations « Sortir du nucléaire », France Nature Environnement, BureStop55, Meuse Nature Environnement et Mirabel-Lorraine Nature Environnement. Celles-ci contestait le décret de 2016 évaluant le projet à 25 milliards d’euros, alors que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) elle-même l'avait estimé à 34,5 milliards d’euros. Le 24 mai dernier, la Cour de Cassation a rejeté le pourvoir des ONG contre la décision de la Cour d'appel de Versailles de mars 2017 qui avait confirmé l'irrecevabilité du recours contre le projet CIGEO en vertu de la dissimulation par l'ANDRA du potentiel géothermique du site.


Institutions de l'Etat, cours judiciaires et agences de l'atome semblent avancer main dans la main vers l'enfouissement des déchets dont chacun sait pourtant les risques : incendies, infiltrations de matière radioactive dans la nappe phréatique, irréversibilité (même si l'ANDRA annonce le contraire). Mais le front de cette idéologie technicienne prométhénne ne faiblit pas. Rappelons que l'ANDRA prévoit un chantier à 500 mètres de profondeur et prétend stocker pendant 100 ans (et de manière réversible) dans une couche argileuse des déchets nucléaires radioactifs, tout en garantissant pour 100 000 ans la sécurité de la structure !


Mais le béton ne vit pas de telles durée et il faut déjà 100 ans pour descendre le stock de déchets nucléaires actuels à raison de 2 colis par jour. Ce n’est pas sérieux.


D'autres solutions sont possibles mais restent inexplorées, faute à un lobby nucléaire puissance. L'entreposage à sec est à ce jour efficace, moins coûteux, et surtout réversible. La sortie du nucléaire doit venir tarir le nombre et la masse des déchets radioactifs.


Je soutiens la manifestation du 16 juin à Bar le duc et j’y serai présent aux côtés des insoumis locaux et de Mathilde Panot députée et Pascal Troadec adjoint au maire de Grigny parce qu'il faut montrer que le débat public, actuellement en cours, est une arnaque démocratique de plus. Je soutiens la mobilisation parce que c'est une question nationale et non locale, il en va de notre modèle énergétique, et de notre responsabilité devant les générations futures. C'est une affaire citoyenne, et non technicienne qui a fait de la forêt - qui risque d'être rasée, le symbole du bien commun. Il s'agit bien de tracer le monde que nous voulons pour demain.

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