Gestion des flux migratoires : cynisme à tous les étages

Septembre 2018, Emmanuel Macron, progressiste européen auto-proclamé, refuse le débarquement de 58 migrant.e.s dont une femme enceinte. A bord de l’Aquarius, ils débarqueront à Malte. En juin 2018, la France avait déjà refusé l’accès aux ports de Corse à l’ONG SOS Méditerranée, au mépris du droit maritime qui prévoit que le port le plus proche se doit d’assumer la responsabilité de l’accueil. Le navire avait alors plus de 600 passagers en détresse à son bord.


L’histoire retiendra qu’au sein de l’UE, territoire de 500 millions d’habitant.e.s, on négocie pour se répartir 58 personnes. Oui, vous avez bien lu, ils négocient. En Macronie, on négocie avec les autres Etats européens, tels des marchands de tapis, pour savoir qui doit accueillir ces femmes, ces hommes et ces enfants qui au péril de leur vie ont pris les chemins de l’exil. L’histoire retiendra que la France, pays de 65 millions d’habitant.e.s, accueillera 18 personnes. Macron, Salvini, Orban, au jeu du plus cynique, sont au coude-à-coude. Macron, celui-là même qui n’en finit pas de jurer la main sur le cœur appartenir au camp des progressistes, seul rempart contre le nationalisme en Europe. Que ce soit avec la loi asile et immigration ou dans la gestion des flux migratoires, la France mène une politique indigne et irresponsable.


Face à ces drames humains, nous nous devons d’agir avec humanité et responsabilité. A l’instrumentalisation du débat et à la caricature, nous opposons une vision globale, et réelle des enjeux des migrations. Dans la majeure partie des situations, la migration est une souffrance, un arrachement. Si une personne quitte son pays, sa famille, ses proches, sa culture, différents facteurs l’ont poussée, à bout des souffrances cumulées. Les migrations ont des causes structurelles et non conjoncturelles sur lesquelles la France et l’Europe peuvent agir.


Nos politiques commerciales et militaires ruinent et déstabilisent des économies et des régions entières du Monde. A travers les accords de libre-échange, c’est tout le processus de développement des pays du Sud ainsi que leur sécurité alimentaire qui sont mis à mal. Nous devons refuser que soient négociés de tels accords. Les crises et conflits sont également des facteurs de migrations décisifs : 44400 personnes sont forcées chaque jour de fuir les conflits ou les persécutions, 1 personne déracinée toutes les 2 secondes. Les pays du Nord et de l’UE en particulier ont une grande responsabilité dans ces processus de déstabilisation régionale par leurs ingérences militaires. Bientôt les migrations seront aussi climatiques. Ce sont plus de 143 millions de réfugiés climatiques qui, à l’horizon 2050, vont se retrouver sur le chemin de l’exil, sans droit, sans protection. Il nous appartient de prendre la mesure du changement climatique et de s’engager dans la transition écologique.


Enfin, nous sommes porteurs des valeurs de l’humanité universelle. Aussi à celles et ceux qui brandissent le chiffon rouge de l’appel d’air, nous leur répondons qu’on ne migre pas de gaieté de cœur, ni avec un comparatif des systèmes sociaux des pays dits riches en poche ! A celles et ceux qui agitent le fantasme de l’invasion, nous leur rappelons que les migrant.e.s représentent 3.37% de la population mondiale et 4% de la population de l’UE. Nous leur rappelons que 85% des personnes déracinées vivent dans un pays en développement et que seuls 6% des réfugiés dans le monde sont en Europe.


Alors face à la haine de l’autre et à ces politiques françaises et européennes indignes, nous affirmons qu’il est de notre devoir d’accueillir ces populations en détresse qui sont aux portes de l’Europe. Nous avons le devoir de soutenir les ONG qui, tels que SOS Méditerranée, vont au secours des migrant.e.s abandonné.e.s à leur sort en mer. Avec plus de 35000 morts, la Méditerranée est un cimetière. Nous ne pouvons plus tolérer que notre humanité soit ainsi souillée.


Crédit photo : nicolas Economou

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