Ce dimanche 17 juillet 2022, j'étais présent à Villeurbanne pour commémorer la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’état français et d’hommage aux justes de France.
Aujourd’hui nous commémorons la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’état français et d’hommage aux justes de France ; celui qui par les mots permet d’évoquer la plus tragique des réalités pour la faire exister pour les plus jeunes générations. Tel est le sens du devoir de mémoire auquel nous sommes appelés depuis la décision du Président Mitterrand en 1993 amplement conforté et clairement précisé par le président Jacques Chirac, d’instaurer cette commémoration.
Le 16 juillet 1942 est un jour de honte et de deuil pour les Français. Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 enfants, femmes et hommes juifs de France furent arrêté par la police lors de la rafle du Vél’d’hiv’. Ils seront presque tous exterminés par la barbarie nazie.
Trop longtemps la France n'a pas su regarder en face l'offense imprescriptible qui lui a été faites ce jour-là. Trop longtemps notre pays n'a donc pu, attester l'infamie et la douleur du martyr infligé aux juifs de France trahis par d'autres Français, et aux juifs fuyant le nazisme qui avaient pourtant choisis la France pour la servir et lui faire honneur.
En ces termes, cette date doit resonner dans la mémoire collective comme un appel à ce souvenir des crimes abjectes qui ont été ceux de la délation, de la dénonciation et de la collaboration. Quand la lâcheté des barbares a condamné les juifs de France, les homosexuels, les personnes handicapées, les Tziganes vers les camps de la mort. Quand ce déni d’humanité a été responsable du pire, il nous faut nous souvenir de l’exemple donné par les Juifs de France. L’exemple toujours renouvelé dans l’histoire de l’amour insécables des juifs à l’égard de notre patrie commune. Cet amour mille fois prouvé dans toutes les épreuves nationales alors même qu’ils furent des plus éprouvés, condamné dans l’histoire de notre pays à en être expulsés 11 fois ou alors à devoir subir les pugilats et autres tortures publics.
Cet amour est le signal du devoir de mémoire qu’il nous faut enlacer et préserver autant que possible. Cette impérieuse nécessité du souvenir fonde notre mémoire collective et notre identité. C’est à eux, encore, que l'on doit d'avoir protégé et sauvé de l'oubli la mémoire des " justes " de France, d'abord consacré par le mémorial fondé par le Consistoire Central Israélite de France.
Ces " justes parmi les nations " comme mon grand-père Pierre Ferrand au 97 de la rue Louis Guérin sont ceux qui, selon les termes de la loi, " ont recueilli, protégé ou défendu au péril de leur propre vie et sans aucune contrepartie, une ou plusieurs personnes menacées de génocide "
Ainsi, la mémoire des justes fonde le jugement à l’encontre de ceux qui ont baissé les yeux et ce sont accommodés des pires agissements, cette mémoire érige une barrière infranchissable entre l’humanisme universel et la lâcheté absolue.
« Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger. » disait Jean Moulin, car même quand l’ennemi menace, que la brume obscurcit l’horizon et que la foudre de l’ennemi frappe la chair de nos camarades, l’esprit de rébellion demeure possible. Cet instant où le « non » l’emporte, où le refus d’accepter la violence des actes, de l’injustice, de l’antisémitisme et de la persécution nous pousse à refuser la barbarie.
C’est un signal envoyé à chaque génération, « les justes parmi les nations » ont tous posé un acte de vertu, la vertu c’est une valeur d’excellence. Elle ne tient pas compte du lieu de naissance, de la couleur de peau ou de toutes conditions sociales. Rien ne nous prédispose à la vertu. Ces actes de rébellions, de désobéissances à des heures de l’histoire ou chaque action pouvaient causer la mort sont le symbole d’une quête absolue de liberté. Ces " justes " ne voulaient rien d'autre que se savoir en accord avec la règle morale que leur dictait leur conscience d'êtres humains. Et dès lors ils se savaient libres. Libres ! Parce qu'ils se sentaient responsables du sort d'autrui jusqu'au point de tout risquer pour cela, contre les menaces de la force, les douceurs de la prudence, les conforts de l'indifférence.
Gloire aux justes, gloire a ses héros, gloire a ses martyrs morts pour avoir montré le chemin de l’humanisme.
« Nous sommes tous des Justes en puissance, il suffit de le vouloir » dit l’une d’entre eux.
Nous devons être de ceux qui ne pactisent jamais avec la violence, qu’elle soit symbolique ou physique. Celles et ceux qui se refusent au petit compromis, à la malice des raccourcis faciles.
En somme la mémoire des justes resonne dans l’éternité, ce son est une lutte contre l’indifférence. Contre l’horreur du régime de Philippe Pétain se dressait dès lors les actes salvateurs de bon nombre de courageux qui avaient compris avant l’heure que nous étions tous semblable en humanité. Poursuivons sur le chemin de l’amour, d’une main franche et amicale qui se tend toujours à l’égard de celles et ceux qui en ont besoins.
Les assassins du 16 et 17 juillet nous montrent ce que peut devenir la France quand la République n’est plus maitresse chez elle. Quand la violence de l’indifférence et de la haine conduise à l’ignorance de notre devise républicaine « liberté Égalité Fraternité ».
Alors quand le racisme gronde à nos portes et réhabilite le pire des crimes, quand certains s’enlisent dans le délire dangereux d’une définition ethnique de la nationalité, il est de notre devoir de rappeler l’esprit de la lutte des justes.
C’est l’amour de notre patrie républicaine et le souvenir toujours persistant de la noblesse des actes de nos ainées qui nous rend libres égaux et fraternels.
Notre commémoration de cette journée nationale à la mémoire des victimes de ces crimes nous invite à renouveler le serment de cet amour.
Vive la République universelle, vive la France.