Conférence des Nations Unies sur les océans 2025 – Débat général Nice, France 9 - 13 juin 2025
Discours prononcé par Gabriel Amard Rapporteur de l’Assemblée Parlementaire de Méditerranée au droit à l’eau et à l’assainissement de qualité Chef de la délégation de l’APM Mercredi 11 juin 2025
Je m’adresse à vous au nom de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, qui rassemble les parlements de 35 nations des régions euroméditerranéennes et du Golfe.
En tant que Rapporteur spécial au droit à l’eau et à l’assainissement de qualité, je dresse un constat alarmant sur l’état de la mer Méditerranée. Cette mer, berceau de nos civilisations, se réchauffe 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale. Elle est aujourd’hui la plus polluée en microplastiques : en 2024, plus de deux millions de fragments par kilomètre carré — deux fois plus qu’en 2018 — malgré les traités adoptés ces dernières décennies.
Pire encore, une crise sanitaire et environnementale s’enracine dans nos fonds marins et dans nos corps. Les polluants persistants, les PFAS, empoisonnent nos écosystèmes et détruisent notre santé.
Face à ces périls, l’heure n’est plus aux atermoiements. Chaque jour d’inaction nous rapproche du gouffre.
Comme pour notre « jardin planétaire » à bout de souffle, nous portons la responsabilité immense de soigner et de préserver la résilience de notre mer commune.
Les rapports scientifiques sont sans appel. Ils témoignent des conséquences dramatiques de cette pollution : cancers, perturbations hormonales, déficiences chez les enfants. Pourtant, nous avons les moyens d’agir pour protéger : interdire, détruire, remplacer ces substances toxiques. L’histoire nous enseigne qu’il n’y a pas de fatalité si la volonté collective s’affirme. Je nous appelle à coopérer.
Cette 3ᵉ Conférence des Nations unies sur les Océans doit marquer un tournant. Elle doit être le lieu où nous repensons notre rapport au vivant. Octroyer des droits aux mers et aux océans, reconnaître leur personnalité juridique — comme certains États l’ont déjà fait pour des fleuves et des lagunes — pourrait être l’une des voies pour renouer avec le vivant et repenser nos responsabilités.
L’Assemblée parlementaire de la Méditerranée a voté une résolution ouvrant des travaux sur la personnalité juridique de la mer Méditerranée, consciente de l’urgence à faire émerger un consentement sur un régime juridique qui protège le commun du vivant qu’est l’eau.
Enfin, ce changement de paradigme exige un dialogue nourri par la diplomatie scientifique, seul rempart contre le cynisme et l’aveuglement. C’est pourquoi je salue la décision de l’Assemblée nationale de la République française d’accueillir un Institut Océan de l’Université des Nations unies sur le sol de France.
En conclusion, je vous invite à méditer ces vers de la poétesse Andrée Chedid : « Terré sous notre peau, un fleuve nous habite. »
Je ne peux quitter cette tribune sans avoir une pensée pour nos sœurs et frères en humanité à Gaza.
Que vivent le droit international et le droit humanitaire.