Sortons de leur monde de Malheur

Loi Duplomb : une fausse réponse, un vrai danger

La loi Duplomb prétend « lever les contraintes » pesant sur les agriculteurs et les agricultrices. En réalité, elle les expose davantage, les isole face aux lobbies de l’agrochimie, et sacrifie la santé publique comme l’environnement sur l’autel de la productivité à tout prix.

Une attaque en règle contre la protection sanitaire et environnementale

Ce texte organise un recul sans précédent. Il facilite le retour de pesticides interdits, comme les néonicotinoïdes, et supprime la séparation entre la vente et le conseil phytosanitaire — ouvrant grand la porte aux conflits d’intérêts. L’Anses, agence indépendante d’évaluation sanitaire, est-elle aussi affaiblie : son indépendance scientifique est mise à mal pour satisfaire les demandes de l’agrochimie.


À la clé : une facilitation de la mise sur le marché de substances hautement toxiques, dont les fameux PFAS, ces polluants dits « éternels » qui s’infiltrent partout — dans l’eau, dans les sols, dans nos corps. Ils sont présents dans certains herbicides comme le diflufenican ou le flufenacet, toujours utilisés dans les champs français. Leurs effets sont connus : cancers, maladies chroniques, perturbateurs endocriniens.


En 2023, 17 millions de personnes en France ont bu une eau non conforme aux normes sur les pesticides. Voilà où nous en sommes.

Une loi qui organise l’accaparement de l’eau

L’article 5 consacre une autre régression majeure : il présume d’un « intérêt général majeur » pour les ouvrages de stockage d’eau comme les méga-bassines, au mépris des évaluations environnementales pourtant exigées par la directive cadre sur l’eau.


Résultat : on court-circuite la protection de la biodiversité et des zones humides. Pire, on légalise l’accaparement d’une ressource vitale par une minorité d’exploitations intensives. Dans le sud des Deux-Sèvres, seulement 7 % des agriculteurs et agricultrices bénéficieront des méga-bassines, tandis que 93 % n’en tireront aucun profit. Voilà le vrai visage de cette loi : un outil au service d’une agriculture industrielle minoritaire et prédatrice.

Les paysans en première ligne... et abandonnés

Celles et ceux qui paient le prix fort, ce sont toujours les mêmes : les paysans et paysannes qui manipulent les produits toxiques, qui tombent malades, qui travaillent sans protection ni reconnaissance. C’est encore parmi les plus précaires que les maladies professionnelles se concentrent, dans un silence politique assourdissant.


Et pendant ce temps, aucune solution structurelle n’est mise sur la table. Rien sur les prix planchers pour garantir un revenu décent. Rien sur une sortie planifiée des pesticides. Rien sur la transition écologique. Juste des reculs, des dérogations, des cadeaux à l’agrochimie.

Nous portons un autre modèle

À La France insoumise, nous portons une vision radicalement différente : celle d’une agriculture paysanne, écologique, respectueuse du vivant. Une agriculture qui permet à celles et ceux qui nous nourrissent de vivre dignement de leur travail, sans être empoisonnés.


Nous croyons à un modèle où la terre est soignée, l’eau préservée, les sols vivants. Un modèle qui nourrit les gens, pas les dividendes des multinationales de l’agro-industrie.


On ne sauve pas les agriculteurs en les empoisonnant. On les sauve en les libérant d’un modèle qui les tue.


Comme l’écrivait René Dumont, pionnier de l’écologie politique :

« L’agriculture industrielle tue les paysans, empoisonne la terre et appauvrit les peuples. »

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